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Lettre à Mme Tara
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Lettre à Mme Tara
LETTRE A MME TARA
Quand tu es née, tu pesais à peine quelque centaines de grammes et ma main tout entière t’entourait déjà de tout mon amour.
Avant de t’emmener définitivement dans la maison qui deviendrait tienne, je suis venue te voir plusieurs fois :
Peu après ta naissance, sous « la couveuse », dans laquelle vous ne formiez toi et tes frères qu’une seule masse de poils, d’yeux, de truffes, de pattes et de petites queues de rats entremêlés ; tu faisais tâche, dans ce tableau : la seule rouquine, la seule femelle au milieu de ses sept frères blancs comme neige.
A un mois et demi, tu te démarquais déjà de ta « meute » : tandis que tes frères se regroupaient, toi, tu cheminais – tant bien que mal - de ton côté, déjà très indépendante.
A deux mois et demi, il m’a semblé que déjà tu me reconnaissais : tu es restée dans mes bras un peu plus longtemps que d’habitude, tandis que je commençais à faire connaissance avec ton odeur.
Enfin, je suis venue te chercher. Je me rappelle que l’éleveuse nous avait recommandé de fermer la portière de la voiture très délicatement, pour ne pas te heurter. Tu as fait le voyage dans mes bras, tentant parfois de t’en échapper : tu ne savais pas ce qui t’arrivait et paniquais un peu.
Vick – mâlinois de 4 ans – était assis à l’arrière et déjà te surveillait attentivement. Par la suite, il t’a protégée et t’a appris à connaître le Jura et les bords du lac, dans lequel nous avons souvent nagé ensemble.
Accessoirement, il t’a aussi appris à déchirer mes foulards (sur lesquels vous vous acharniez) et à cacher mes chaussettes ou la pantoufle de mon ami dans le fond du jardin.
Tu t’es allègrement fait les dents sur mes mains. Pendant une certaine période, j’ai renoncé aux ongles longs ainsi qu’au vernis sensé les embellir.
Un soir, on a constaté que le lit avait « été fait par tes soins » : exit le couvre-lit, les coussins, les draps : juste un matelas présentant in immense trou, que tu avais creusé et dans lequel tu t’étais lovée. On a choisi de te prendre avec nous pour aller acheter un nouveau matelas.
Après, tu es tombée amoureuse du compost, pourtant bien caché à l’autre bout du terrain : tu adorais t’y vautrer, au milieu des restes de patates, tomates et autres légumes.
On a commencé à « travailler » ensemble l’obéissance, avec un monsieur très intelligent. Tout s’est bien passé, sauf que tu étais la seule qui « n’obéissait justement pas aux ordres ». Curieusement, lorsqu’on était seules les deux, il n’y avait pas de problèmes. Il faut croire que tu étais comme moi : réfractaire au « groupe ».
D’ailleurs, après, on a décidé de bosser seules, toutes les deux, avec « nos propres mots » et « notre connivence » et tout s’est bien passé.
Les choses de la vie ont fait que nous nous sommes séparés et moi de mon ami et toi de Vick.
Nous avons donc continué de cheminer ensemble, toi et moi et nous deux.
Main dans la laisse.
Au fil des années, on a vécu plein de choses : tu m’as aidée dans certains combats, rien que par ta présence et ton écoute.
Quant à moi, tu étais la prunelle de mes yeux et tous les choix que j’ai fait allaient dans le sens de ton bien-être. A certains moments, j’aurais pu me laisser aller : grâce à toi, j’ai chaque fois rebondi.
Je t’ai souvent caché mes problèmes ou mes chagrins mais tu les a toujours sentis et su les atténuer, voire, me les faire oublier.
Grâce à toi, j’ai commencé à développer mon goût pour l’écriture : tu es devenue mon sujet préféré. Au travers des petites histoires que je narrais, tu as fait rire beaucoup de gens et a rendu le sourire à certains d’entre eux qui l’avaient perdu.
Pendant tout notre parcours, j’appréhendais la fin, que je savais inéluctable.
Il m’arrivait parfois d’y penser, au milieu de la nuit ; alors je touchais le bois de mon lit en priant Dieu : « Pas maintenant, s’il vous plaît, ce n’est pas le moment » tout en sachant pertinemment que le moment viendrait et que même Monsieur Dieu ne pourrait l’en empêcher.
Au début de l’été dernier, tu as commencé à me faire comprendre que cet instant commençait à montrer le bout de son doigt. Par certains signes de fatigue, de lassitude, une petite attaque cérébrale.
Je crois que tu sentais la peur qui m’habitait de te perdre. Alors tu t’es accrochée et tu m’as encore laissé le temps de partager avec toi un dernier très bel été : on ne s’est pas quittées d’une semelle.
Et puis tu m’as lancé ce fameux regard – le même que celui que Chinook m’avait lancé à l’époque, peu avant de partir - : « s’il te plaît, laisse-moi m’en aller. Délivre-moi »..
Alors j’ai accepté d’entendre ton dernier soupir que tu as laissé échapper dans mes bras, tout en espérant que de ton côté tu as entendu mes dernières paroles d’amour.
Il y a énormément de personnes qui t’ont aimée, petite Madame Tara.
Dans le quartier, tu étais devenue « la mascotte » : la petite rouquine qui se dandine en remuant la queue, toujours contente, qu’il fasse beau, froid ou chaud, qu’il neige ou qu’il pleuve.
Petite Madame Tara qui disait bonjour à tout le monde, sans distinction d’âge, de sexe ou de race.
Que parfois j’appelais affectueusement ma « vilaine petite chose admirablement belle ».
Où que tu sois à présent, j’espère que tu es heureuse.
Je nous ne nous oublierai jamais, toi et moi et nous deux…
Bouboulina.
Amitiés à tous les amoureux des Goldens.
Serenade
Quand tu es née, tu pesais à peine quelque centaines de grammes et ma main tout entière t’entourait déjà de tout mon amour.
Avant de t’emmener définitivement dans la maison qui deviendrait tienne, je suis venue te voir plusieurs fois :
Peu après ta naissance, sous « la couveuse », dans laquelle vous ne formiez toi et tes frères qu’une seule masse de poils, d’yeux, de truffes, de pattes et de petites queues de rats entremêlés ; tu faisais tâche, dans ce tableau : la seule rouquine, la seule femelle au milieu de ses sept frères blancs comme neige.
A un mois et demi, tu te démarquais déjà de ta « meute » : tandis que tes frères se regroupaient, toi, tu cheminais – tant bien que mal - de ton côté, déjà très indépendante.
A deux mois et demi, il m’a semblé que déjà tu me reconnaissais : tu es restée dans mes bras un peu plus longtemps que d’habitude, tandis que je commençais à faire connaissance avec ton odeur.
Enfin, je suis venue te chercher. Je me rappelle que l’éleveuse nous avait recommandé de fermer la portière de la voiture très délicatement, pour ne pas te heurter. Tu as fait le voyage dans mes bras, tentant parfois de t’en échapper : tu ne savais pas ce qui t’arrivait et paniquais un peu.
Vick – mâlinois de 4 ans – était assis à l’arrière et déjà te surveillait attentivement. Par la suite, il t’a protégée et t’a appris à connaître le Jura et les bords du lac, dans lequel nous avons souvent nagé ensemble.
Accessoirement, il t’a aussi appris à déchirer mes foulards (sur lesquels vous vous acharniez) et à cacher mes chaussettes ou la pantoufle de mon ami dans le fond du jardin.
Tu t’es allègrement fait les dents sur mes mains. Pendant une certaine période, j’ai renoncé aux ongles longs ainsi qu’au vernis sensé les embellir.
Un soir, on a constaté que le lit avait « été fait par tes soins » : exit le couvre-lit, les coussins, les draps : juste un matelas présentant in immense trou, que tu avais creusé et dans lequel tu t’étais lovée. On a choisi de te prendre avec nous pour aller acheter un nouveau matelas.
Après, tu es tombée amoureuse du compost, pourtant bien caché à l’autre bout du terrain : tu adorais t’y vautrer, au milieu des restes de patates, tomates et autres légumes.
On a commencé à « travailler » ensemble l’obéissance, avec un monsieur très intelligent. Tout s’est bien passé, sauf que tu étais la seule qui « n’obéissait justement pas aux ordres ». Curieusement, lorsqu’on était seules les deux, il n’y avait pas de problèmes. Il faut croire que tu étais comme moi : réfractaire au « groupe ».
D’ailleurs, après, on a décidé de bosser seules, toutes les deux, avec « nos propres mots » et « notre connivence » et tout s’est bien passé.
Les choses de la vie ont fait que nous nous sommes séparés et moi de mon ami et toi de Vick.
Nous avons donc continué de cheminer ensemble, toi et moi et nous deux.
Main dans la laisse.
Au fil des années, on a vécu plein de choses : tu m’as aidée dans certains combats, rien que par ta présence et ton écoute.
Quant à moi, tu étais la prunelle de mes yeux et tous les choix que j’ai fait allaient dans le sens de ton bien-être. A certains moments, j’aurais pu me laisser aller : grâce à toi, j’ai chaque fois rebondi.
Je t’ai souvent caché mes problèmes ou mes chagrins mais tu les a toujours sentis et su les atténuer, voire, me les faire oublier.
Grâce à toi, j’ai commencé à développer mon goût pour l’écriture : tu es devenue mon sujet préféré. Au travers des petites histoires que je narrais, tu as fait rire beaucoup de gens et a rendu le sourire à certains d’entre eux qui l’avaient perdu.
Pendant tout notre parcours, j’appréhendais la fin, que je savais inéluctable.
Il m’arrivait parfois d’y penser, au milieu de la nuit ; alors je touchais le bois de mon lit en priant Dieu : « Pas maintenant, s’il vous plaît, ce n’est pas le moment » tout en sachant pertinemment que le moment viendrait et que même Monsieur Dieu ne pourrait l’en empêcher.
Au début de l’été dernier, tu as commencé à me faire comprendre que cet instant commençait à montrer le bout de son doigt. Par certains signes de fatigue, de lassitude, une petite attaque cérébrale.
Je crois que tu sentais la peur qui m’habitait de te perdre. Alors tu t’es accrochée et tu m’as encore laissé le temps de partager avec toi un dernier très bel été : on ne s’est pas quittées d’une semelle.
Et puis tu m’as lancé ce fameux regard – le même que celui que Chinook m’avait lancé à l’époque, peu avant de partir - : « s’il te plaît, laisse-moi m’en aller. Délivre-moi »..
Alors j’ai accepté d’entendre ton dernier soupir que tu as laissé échapper dans mes bras, tout en espérant que de ton côté tu as entendu mes dernières paroles d’amour.
Il y a énormément de personnes qui t’ont aimée, petite Madame Tara.
Dans le quartier, tu étais devenue « la mascotte » : la petite rouquine qui se dandine en remuant la queue, toujours contente, qu’il fasse beau, froid ou chaud, qu’il neige ou qu’il pleuve.
Petite Madame Tara qui disait bonjour à tout le monde, sans distinction d’âge, de sexe ou de race.
Que parfois j’appelais affectueusement ma « vilaine petite chose admirablement belle ».
Où que tu sois à présent, j’espère que tu es heureuse.
Je nous ne nous oublierai jamais, toi et moi et nous deux…
Bouboulina.
Amitiés à tous les amoureux des Goldens.
Serenade
serenade- Membre
- Messages postés : 616
Date d'inscription : 03/05/2007
Localisation : Suisse
Mon chien : Buck - Berger allemand
Sport canin ou activité : marche
Re: Lettre à Mme Tara
encore un très jolie texte merci de la partager avec nous
ulkette731- Membre
-
Messages postés : 5163
Date d'inscription : 03/04/2007
Age : 54
Localisation : savoie
Mon chien : ulk et velcom berger allemand,malinois chabal du clair vaillant
Sport canin ou activité : ring
Lettre à Mme Tara
Merci Ulkette
Je suis sûre que tu comprends.
Serenade
Je suis sûre que tu comprends.
Serenade
serenade- Membre
- Messages postés : 616
Date d'inscription : 03/05/2007
Localisation : Suisse
Mon chien : Buck - Berger allemand
Sport canin ou activité : marche
Re: Lettre à Mme Tara
Par tes écrits on sent vraiment tout l'amour que tu a donnés à tes chiens, c'est très beau.
Okapi- Membre
-
Messages postés : 391
Date d'inscription : 04/04/2007
Age : 73
Localisation : Belgique
Mon chien : Roxane Berger Allemand et Billie croisé BA avec BB Malinois
Sport canin ou activité : Obéissance et agility
lettre é Mme Tara
Merci Okapi
Tu sais je les aimerais jusqu'au bout, c'est tout.
Comme j'aime écrire, j'ai décidé de leur rendre hommage à ma façon, la seule que je connaisse : raconter leur histoire, leur vécu. J'ai chaque fois l'impression que je les ramène à la vie, quelque part.
JC'est ainsi que Loulou-Lili-Buck a déjà son petit "book" si je puis dire. C'est ma fçon à moi de le rendre éternel.
Serenade
Tu sais je les aimerais jusqu'au bout, c'est tout.
Comme j'aime écrire, j'ai décidé de leur rendre hommage à ma façon, la seule que je connaisse : raconter leur histoire, leur vécu. J'ai chaque fois l'impression que je les ramène à la vie, quelque part.
JC'est ainsi que Loulou-Lili-Buck a déjà son petit "book" si je puis dire. C'est ma fçon à moi de le rendre éternel.
Serenade
serenade- Membre
- Messages postés : 616
Date d'inscription : 03/05/2007
Localisation : Suisse
Mon chien : Buck - Berger allemand
Sport canin ou activité : marche
Re: Lettre à Mme Tara
encore une fois c'est une tres belle histoire d'amour, on sents tellement l'amour que tu donne a tes chiens.
luvic
luvic
luvic- Membre
-
Messages postés : 8875
Date d'inscription : 10/04/2007
Age : 50
Lettre à Mme Tara
Merci pour vos réponses, cela m'a beaucoup touchée :
Jusqu'ici, "on" avait tendance à me dire que j"exagéreais" avec mes animaux.
Alors, ça fait du bien à entendre...
Serenade
Jusqu'ici, "on" avait tendance à me dire que j"exagéreais" avec mes animaux.
Alors, ça fait du bien à entendre...
Serenade
serenade- Membre
- Messages postés : 616
Date d'inscription : 03/05/2007
Localisation : Suisse
Mon chien : Buck - Berger allemand
Sport canin ou activité : marche
Re: Lettre à Mme Tara
On n'exagère jamais trop pour nos animaux, ils nous donnent tellement...
Ils sont toujours là pour le meilleur, comme pour le pire, c'est une bouffée d'oxygène permanente et une fidélité sans faille.
Ils sont toujours là pour le meilleur, comme pour le pire, c'est une bouffée d'oxygène permanente et une fidélité sans faille.
Invité- Invité
Re: Lettre à Mme Tara
"Les chiens ne nous abandonnent que pour mourrir, mais ils nous laissent leur merveilleux souvenir pour éclairer le reste de notre chemin"
(Anna et Laurent RaczCaroff)
(Anna et Laurent RaczCaroff)
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