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Le chien d'Alan, suite et fin
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Le chien d'Alan, suite et fin
Sur le Bon Coin, il n'y avait rien qui correspondait à ce qu'Alan cherchait. Beaucoup des chiens à donner étaient vieux, ou avaient un problème d'agressivité. Certaines de ces annonces fendaient le cœur, comme celle du labrador croisé berger de onze ans, « encore joueur et très dynamique » , qui se retrouvait sur le marché de l'adoption « cause déménagement en appartement », ou celle de l' épagneul breton pour compagnie seulement qui « serait mieux avec un jardin clos ». Il y avait une pauvre bête qu'on avait photographiée à l'attache, et dont on voulait se séparer « à cause d'allergie », qui fixait l'objectif avec un air mélancolique. Des petits chiens à placer « après le décès de leur maîtresse. » Un staff qui «serait bientôt piqué, si personne n'en voulait. » Leur vie n'avait pas dû être gaie.
Sur le marché des chiots, quelques races à la mode occupaient le gros des annonces. Alan tapa sans y croire « croisé colley » dans la barre de recherche. Rien d'intéressant. Pure race Colley, alors ? Il ne se représentait pas un colley comme celui qu'il voyait sur les photos en forêt, dans les broussailles. Ces énormes boules de poils ne ressemblaient pas à Lassie chien fidèle et encore moins au Garçon de son enfance.
Que racontaient les forums spécial chiens, les clubs de race ? Alan passa l'après-midi à pianoter sur son clavier. Au soir, il avait deux pistes : un couple de retraités aimables qui proposaient des chiots colleys à poils courts, et un élevage de bergers belges Tervueren, race dont il ne connaissait rien jusque là, mais qu'il trouvait à son goût, avec le poil juste comme il faut et la tête fine.
Rendez-vous fut pris avec les deux pour la matinée suivante.
Au téléphone, la dame aux Tervueren lui parla de ses chiens avec beaucoup d'enthousiasme. Il fallait faire très attention, affirmait-elle, aux chiens excités, nerveux, froussards, mordeurs. Les siens avaient un caractère parfaitement équilibré. La mère était particulièrement merveilleuse, assurait-elle. « Elle s'appelle Iris, et je l'ai élevée au biberon, elle est née chez moi et a dormi cinq mois dans ma chambre. Nous sommes très fusionnelles, je fais tous les jours mon jogging avec elle, elle me suit partout où je vais, elle est parfaite avec mes enfants, elle adore les chats... »
Les colleys à poils courts n'enthousiasmèrent pas Alan. Le vieux monsieur insista pour ouvrir un gros dossier et étaler son contenu sur la table de la salle à manger. Il s'agissait de certificats de laboratoire, de radios... C'est très très important, insista-t-il. Voyez, mes reproducteurs sont indemnes de dystrophie cornéenne, de colobome, de... Il égrenait des noms de maladies en feuilletant les pages. Alan n'écoutait plus, vaguement effrayé. Tant de maladies pour ces colleys ! Est-ce que c'était une race dégénérée, à l'agonie, ou bien ses éleveurs s'appliquaient-ils à un travail de nettoyage de tares qu'on retrouvait chez tous les autres chiens ? Il avait envie de poser la question, mais n'osa pas. Et puis, les chiots ne l'inspiraient pas plus que ça. Ce visage au nez si pointu qu'on dirait un bec de héron, ne l'emballait pas. Il promit de réfléchir, et mit le cap sur Les Merveilles du Haut Patis , élevage de Bergers Belges, de Shetland, de Cavalier King Charles, de Chiens du Pharaon et de Lapinkoiras que son site Internet indiquait réputé depuis trente ans et multiprimé dans toutes les expositions.
Aux Merveilles du Haut Patis, les enclos des chiens étaient abondamment fleuris du côté extérieur du grillage. C'était une grosse exploitation, qui s'étendait de part et d'autre d'un manoir qui avait du connaître des jours meilleurs, et avait été restauré à l'économie. Deux camionnettes peintes à l'enseigne de l'entreprise stationnaient devant le portail, portes ouvertes. Un groupe d'adolescents sortait des cages et les nettoyait au jet. « Madame Sandy est derrière », indiqua l'un d'eux en criant pour couvrir le bruit des aboiements.
Tout se passa très vite ensuite. Madame Sandy était une grosse dame énergique et autoritaire, âgée d'une soixantaine d'années, qui parlait tout le temps. Elle entraîna Alan jusqu'au quartier des Tervueren, qui comportait plusieurs enclos. Dans l'un, il y avait les chiots, dans l'autre un mâle, deux femelles dans les suivants, et dans celui du bout une chienne affublée d'une collerette, avec un bandage à la patte.
Alan n'en crut pas ses yeux. Le mâle, que madame Sandy présenta comme multi champion international avec un caractère en or, se mit debout contre le grillage pour quêter une caresse de la femme. Il était splendide. « j'en veux un comme ça », souffla Alan... « enfin, un petit qui deviendra comme ça.» « C'est le père des chiots, assura madame Sandy », en ouvrant la porte. La marmaille s'élança vers les visiteurs et s'attaqua au bas du pantalon d'Alan, ravi. Il repéra un petit mâle au pelage clair et à la tête noire, le souleva, le serra contre lui, le reposa. Le chiot lui lécha les mains.
- Et la mère, je peux la voir ? Demanda Alan, conquis.
- La mère, c'est celle qui a la collerette et le bandage, répondit la femme. C'est notre chienne de famille, c'est le dernier chien que je garderais si je devais me séparer de tous les autres. On l'a mise en boxe pour quelques jours pour mieux surveiller sa patte, elle s'est fait mordre la semaine dernière, et je ne veux pas que ça s'infecte... Vous avez choisi, alors ! Celui là... voyons, collier rouge, c'est Milton. Il n'est pas réservé. Prenez votre temps, je vous laisse cinq minutes, j'ai juste un coup de fil à passer, et on ira ensuite faire les papiers pour la réservation. Les chiots peuvent partir vendredi, je les emmène chez le vétérinaire pour la visite de bonne santé, et après, c'est tout bon ! Il y en a quatre sur les six qui rejoindront leur nouveau foyer vendredi soir...
Pendant que l'éleveuse téléphonait, Alan retourna voir le mâle, puis les deux femelles qui l'observaient attentivement, puis la blessée du box du fond, la mère des chiots. Elle frottait sa patte bandée contre le mur en béton de la niche. On voyait bien que si sa collerette ne l'avait pas embarrassée, elle aurait déchiré le bandage d'un coup de dents. Pauvre petite bête, lui dit Alan, tu n'as pas de chance, tu vis en liberté d'habitude et voilà que tu te fais enfermer alors que tu as mal, tu ne dois pas comprendre ce qui t'arrive ! La chienne s'arrêta net, s'assit et fixa le jeune homme. "T'inquiète pas, poursuivit-il, c'est juste un mauvais moment à passer. Approche-toi donc, viens te faire gratouiller. allez, viens ! " La chienne s'approcha, passa sa truffe entre les mailles du grillage et pleura. Il y avait tant de détresse dans son regard qu'Alan ouvrit la porte et pénétra dans l'enclos. Elle lui fit la fête comme elle put avec son encombrant collier de plastique rigide, puis se mit sur le dos. Son ventre était tondu, et barré par une cicatrice ourlée de rose.
- Ah, je vois qu' Iris s'est fait un copain, lança l'éleveuse en souriant.
- C'est normal, nous avons tous les deux une patte bandée... Dites-moi, cette cicatrice, là... C'est quoi ?
- Césarienne ! C'était sa première portée, et la naissance ne s'est pas bien passée. Déchirure de l'utérus. Du coup, césarienne et stérilisation de la chienne. Elle a eu du mal à s'en remettre, on a dû supplémenter les chiots, mais ça n'a pas nui à leur démarrage, ils sont super maintenant, non ? On retourne les voir ?
Le petit chiot Marlon s'élança le premier vers Alan, comme s'il le choisissait à son tour, et Alan en fut tout ému.
Contrat de vente, chèque à signer, tout fut rapidement réglé. "À Vendredi, alors, lui dit madame Sandy, je vous remettrai un sachet de ses croquettes pour que vous fassiez la transition, il aura un collier en nylon à sa taille, mais n'oubliez pas la laisse et une caisse pour le transporter si vous venez tout seul. Allez, à bientôt !"
On était mardi. Le soir, Anton ouvrit son portable et s'installa sur sa banquette. Il surfa sur des images de Tervueren, et retourna sur le Bon Coin pour voir s'il ne trouvait pas une caisse de transport d'occasion. Il tapa « tervueren » dans la barre de recherche, puis « toute la France » dans le choix de lieu, pour avoir le plus d'images possible de ces chiens magnifiques, et aussi pour se persuader qu'il avait fait le bon choix.
En première page du Bon Coin, il sursauta quand il vit vit la photo de l'annonce « urgent » : cause surnombre, cède Iris, jeune femelle Berger Belge Tervueren de deux ans et sept mois, LOF et confirmée, stérilisée, pour compagnie. Caractère extra, radio des hanches AA, vaccinations à jour, pucée, passeport européen, disponible immédiatement. 320 euros, paiement possible en deux fois.
Alan dormit mal. Trois cent vingt euros, c'était le montant de l’acompte du petit Milton. Quand il pensait à Milton, une grande partie de sa joie d'avoir un chien s'éteignait L'image de la chienne, de son regard douloureux, de son attitude confiante, se superposait à celle du chiot adorable.
Je vais peut-être faire une connerie, se dit-il, mais tant pis.
L'éleveuse ne fit aucun commentaire. Elle dit à Alan de l'attendre sur le parking, devant la maison, et revint avec la chienne en laisse. Alan lui demanda d’ôter la collerette, acheta pour cinquante euros une caisse de transport en bon état, la posa dans le coffre de son break, et porta la chienne pour la mettre dedans. Elle se laissa faire, plus légère qu'il ne l'avait imaginé. Il n'y avait nulle appréhension décelable dans son attitude, elle lui adressait des regards emplis de tendresse. Il n'y eut aucun échange entre l'éleveuse et son chien préféré, la chienne de la famille...
"Tu sais quoi ? J'aime pas Iris, comme nom, pour une chienne, lui dit-il quand ils arrivèrent à la maison. Pourtant, je ne peux pas t'appeler Garçon, ce ne serait pas correct pour une demoiselle... Bon, on est quel jour aujourd'hui ? C'est la saint quoi ? Ving-six avril, c'est le jour de la sainte Alda. Va pour Alda. Je t'ai enlevé ton machin autour du cou, donne moi ta patte maintenant, on va regarder ça."
Il n'y avait pas de trace de morsure, mais la peau rase était irritée, déchirée par endroits. Alan saupoudra la patte d'argile verte, l'entoura d'une bande élastique bleue comme celle de sa main, et tint un petit discours à la chienne attentive : tu n'étais pas prévue au programme, mais voilà, tu es mon chien maintenant, et nous aurons une vie super, t'as même pas idée. La collerette, on oublie, mais par contre je ne veux pas te voir une seule fois toucher le bandage. Pour pisser, c'est dehors, et pour manger, voyons... il posa devant la cheminée un grand bol empli d'eau et l’entrecôte qui devait constituer son repas prochain. Il tourna son fauteuil pour regarder la chienne, sa chienne, humer la viande, l'attaquer à petits coups de dents puis finalement l'engloutir. Elle ne fit pas le tour de la maison, ne sortit pas par la porte ouverte, non. Elle alla poser la tête sur les genoux d'Alan, et comme il lui grattait le crâne entre ses oreilles soyeuses -ainsi qu' il faisait à Garçon, dix ans plus tôt-, elle lui promit tout ce qu'il voudrait, et même davantage.
Sur le marché des chiots, quelques races à la mode occupaient le gros des annonces. Alan tapa sans y croire « croisé colley » dans la barre de recherche. Rien d'intéressant. Pure race Colley, alors ? Il ne se représentait pas un colley comme celui qu'il voyait sur les photos en forêt, dans les broussailles. Ces énormes boules de poils ne ressemblaient pas à Lassie chien fidèle et encore moins au Garçon de son enfance.
Que racontaient les forums spécial chiens, les clubs de race ? Alan passa l'après-midi à pianoter sur son clavier. Au soir, il avait deux pistes : un couple de retraités aimables qui proposaient des chiots colleys à poils courts, et un élevage de bergers belges Tervueren, race dont il ne connaissait rien jusque là, mais qu'il trouvait à son goût, avec le poil juste comme il faut et la tête fine.
Rendez-vous fut pris avec les deux pour la matinée suivante.
Au téléphone, la dame aux Tervueren lui parla de ses chiens avec beaucoup d'enthousiasme. Il fallait faire très attention, affirmait-elle, aux chiens excités, nerveux, froussards, mordeurs. Les siens avaient un caractère parfaitement équilibré. La mère était particulièrement merveilleuse, assurait-elle. « Elle s'appelle Iris, et je l'ai élevée au biberon, elle est née chez moi et a dormi cinq mois dans ma chambre. Nous sommes très fusionnelles, je fais tous les jours mon jogging avec elle, elle me suit partout où je vais, elle est parfaite avec mes enfants, elle adore les chats... »
Les colleys à poils courts n'enthousiasmèrent pas Alan. Le vieux monsieur insista pour ouvrir un gros dossier et étaler son contenu sur la table de la salle à manger. Il s'agissait de certificats de laboratoire, de radios... C'est très très important, insista-t-il. Voyez, mes reproducteurs sont indemnes de dystrophie cornéenne, de colobome, de... Il égrenait des noms de maladies en feuilletant les pages. Alan n'écoutait plus, vaguement effrayé. Tant de maladies pour ces colleys ! Est-ce que c'était une race dégénérée, à l'agonie, ou bien ses éleveurs s'appliquaient-ils à un travail de nettoyage de tares qu'on retrouvait chez tous les autres chiens ? Il avait envie de poser la question, mais n'osa pas. Et puis, les chiots ne l'inspiraient pas plus que ça. Ce visage au nez si pointu qu'on dirait un bec de héron, ne l'emballait pas. Il promit de réfléchir, et mit le cap sur Les Merveilles du Haut Patis , élevage de Bergers Belges, de Shetland, de Cavalier King Charles, de Chiens du Pharaon et de Lapinkoiras que son site Internet indiquait réputé depuis trente ans et multiprimé dans toutes les expositions.
Aux Merveilles du Haut Patis, les enclos des chiens étaient abondamment fleuris du côté extérieur du grillage. C'était une grosse exploitation, qui s'étendait de part et d'autre d'un manoir qui avait du connaître des jours meilleurs, et avait été restauré à l'économie. Deux camionnettes peintes à l'enseigne de l'entreprise stationnaient devant le portail, portes ouvertes. Un groupe d'adolescents sortait des cages et les nettoyait au jet. « Madame Sandy est derrière », indiqua l'un d'eux en criant pour couvrir le bruit des aboiements.
Tout se passa très vite ensuite. Madame Sandy était une grosse dame énergique et autoritaire, âgée d'une soixantaine d'années, qui parlait tout le temps. Elle entraîna Alan jusqu'au quartier des Tervueren, qui comportait plusieurs enclos. Dans l'un, il y avait les chiots, dans l'autre un mâle, deux femelles dans les suivants, et dans celui du bout une chienne affublée d'une collerette, avec un bandage à la patte.
Alan n'en crut pas ses yeux. Le mâle, que madame Sandy présenta comme multi champion international avec un caractère en or, se mit debout contre le grillage pour quêter une caresse de la femme. Il était splendide. « j'en veux un comme ça », souffla Alan... « enfin, un petit qui deviendra comme ça.» « C'est le père des chiots, assura madame Sandy », en ouvrant la porte. La marmaille s'élança vers les visiteurs et s'attaqua au bas du pantalon d'Alan, ravi. Il repéra un petit mâle au pelage clair et à la tête noire, le souleva, le serra contre lui, le reposa. Le chiot lui lécha les mains.
- Et la mère, je peux la voir ? Demanda Alan, conquis.
- La mère, c'est celle qui a la collerette et le bandage, répondit la femme. C'est notre chienne de famille, c'est le dernier chien que je garderais si je devais me séparer de tous les autres. On l'a mise en boxe pour quelques jours pour mieux surveiller sa patte, elle s'est fait mordre la semaine dernière, et je ne veux pas que ça s'infecte... Vous avez choisi, alors ! Celui là... voyons, collier rouge, c'est Milton. Il n'est pas réservé. Prenez votre temps, je vous laisse cinq minutes, j'ai juste un coup de fil à passer, et on ira ensuite faire les papiers pour la réservation. Les chiots peuvent partir vendredi, je les emmène chez le vétérinaire pour la visite de bonne santé, et après, c'est tout bon ! Il y en a quatre sur les six qui rejoindront leur nouveau foyer vendredi soir...
Pendant que l'éleveuse téléphonait, Alan retourna voir le mâle, puis les deux femelles qui l'observaient attentivement, puis la blessée du box du fond, la mère des chiots. Elle frottait sa patte bandée contre le mur en béton de la niche. On voyait bien que si sa collerette ne l'avait pas embarrassée, elle aurait déchiré le bandage d'un coup de dents. Pauvre petite bête, lui dit Alan, tu n'as pas de chance, tu vis en liberté d'habitude et voilà que tu te fais enfermer alors que tu as mal, tu ne dois pas comprendre ce qui t'arrive ! La chienne s'arrêta net, s'assit et fixa le jeune homme. "T'inquiète pas, poursuivit-il, c'est juste un mauvais moment à passer. Approche-toi donc, viens te faire gratouiller. allez, viens ! " La chienne s'approcha, passa sa truffe entre les mailles du grillage et pleura. Il y avait tant de détresse dans son regard qu'Alan ouvrit la porte et pénétra dans l'enclos. Elle lui fit la fête comme elle put avec son encombrant collier de plastique rigide, puis se mit sur le dos. Son ventre était tondu, et barré par une cicatrice ourlée de rose.
- Ah, je vois qu' Iris s'est fait un copain, lança l'éleveuse en souriant.
- C'est normal, nous avons tous les deux une patte bandée... Dites-moi, cette cicatrice, là... C'est quoi ?
- Césarienne ! C'était sa première portée, et la naissance ne s'est pas bien passée. Déchirure de l'utérus. Du coup, césarienne et stérilisation de la chienne. Elle a eu du mal à s'en remettre, on a dû supplémenter les chiots, mais ça n'a pas nui à leur démarrage, ils sont super maintenant, non ? On retourne les voir ?
Le petit chiot Marlon s'élança le premier vers Alan, comme s'il le choisissait à son tour, et Alan en fut tout ému.
Contrat de vente, chèque à signer, tout fut rapidement réglé. "À Vendredi, alors, lui dit madame Sandy, je vous remettrai un sachet de ses croquettes pour que vous fassiez la transition, il aura un collier en nylon à sa taille, mais n'oubliez pas la laisse et une caisse pour le transporter si vous venez tout seul. Allez, à bientôt !"
On était mardi. Le soir, Anton ouvrit son portable et s'installa sur sa banquette. Il surfa sur des images de Tervueren, et retourna sur le Bon Coin pour voir s'il ne trouvait pas une caisse de transport d'occasion. Il tapa « tervueren » dans la barre de recherche, puis « toute la France » dans le choix de lieu, pour avoir le plus d'images possible de ces chiens magnifiques, et aussi pour se persuader qu'il avait fait le bon choix.
En première page du Bon Coin, il sursauta quand il vit vit la photo de l'annonce « urgent » : cause surnombre, cède Iris, jeune femelle Berger Belge Tervueren de deux ans et sept mois, LOF et confirmée, stérilisée, pour compagnie. Caractère extra, radio des hanches AA, vaccinations à jour, pucée, passeport européen, disponible immédiatement. 320 euros, paiement possible en deux fois.
Alan dormit mal. Trois cent vingt euros, c'était le montant de l’acompte du petit Milton. Quand il pensait à Milton, une grande partie de sa joie d'avoir un chien s'éteignait L'image de la chienne, de son regard douloureux, de son attitude confiante, se superposait à celle du chiot adorable.
Je vais peut-être faire une connerie, se dit-il, mais tant pis.
L'éleveuse ne fit aucun commentaire. Elle dit à Alan de l'attendre sur le parking, devant la maison, et revint avec la chienne en laisse. Alan lui demanda d’ôter la collerette, acheta pour cinquante euros une caisse de transport en bon état, la posa dans le coffre de son break, et porta la chienne pour la mettre dedans. Elle se laissa faire, plus légère qu'il ne l'avait imaginé. Il n'y avait nulle appréhension décelable dans son attitude, elle lui adressait des regards emplis de tendresse. Il n'y eut aucun échange entre l'éleveuse et son chien préféré, la chienne de la famille...
"Tu sais quoi ? J'aime pas Iris, comme nom, pour une chienne, lui dit-il quand ils arrivèrent à la maison. Pourtant, je ne peux pas t'appeler Garçon, ce ne serait pas correct pour une demoiselle... Bon, on est quel jour aujourd'hui ? C'est la saint quoi ? Ving-six avril, c'est le jour de la sainte Alda. Va pour Alda. Je t'ai enlevé ton machin autour du cou, donne moi ta patte maintenant, on va regarder ça."
Il n'y avait pas de trace de morsure, mais la peau rase était irritée, déchirée par endroits. Alan saupoudra la patte d'argile verte, l'entoura d'une bande élastique bleue comme celle de sa main, et tint un petit discours à la chienne attentive : tu n'étais pas prévue au programme, mais voilà, tu es mon chien maintenant, et nous aurons une vie super, t'as même pas idée. La collerette, on oublie, mais par contre je ne veux pas te voir une seule fois toucher le bandage. Pour pisser, c'est dehors, et pour manger, voyons... il posa devant la cheminée un grand bol empli d'eau et l’entrecôte qui devait constituer son repas prochain. Il tourna son fauteuil pour regarder la chienne, sa chienne, humer la viande, l'attaquer à petits coups de dents puis finalement l'engloutir. Elle ne fit pas le tour de la maison, ne sortit pas par la porte ouverte, non. Elle alla poser la tête sur les genoux d'Alan, et comme il lui grattait le crâne entre ses oreilles soyeuses -ainsi qu' il faisait à Garçon, dix ans plus tôt-, elle lui promit tout ce qu'il voudrait, et même davantage.
Invité- Invité
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Tout est bien qui finit bien pour la belle Iris et même si c'est une "histoire" pour combien de chien cela n'est pas un roman!
Du coup j'ai eu un pincement au coeur pour tous ces chiens considérés comme du non-vivant, des êtres sans émotion....mais cela ne m'a pas empêché d'être sensible à ta façon d'écrire...tu es douée... et s'est manier le suspens
Du coup j'ai eu un pincement au coeur pour tous ces chiens considérés comme du non-vivant, des êtres sans émotion....mais cela ne m'a pas empêché d'être sensible à ta façon d'écrire...tu es douée... et s'est manier le suspens
Huriel- Membre
-
Messages postés : 1820
Date d'inscription : 05/01/2016
Age : 63
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Pfiou, ça t'étonnera pas mais ça m'a serré le bide de lire tout ça
Je viens de vérifier sur LBC, la maman de London n'y est plus... J'espère qu'elle a trouvé une bonne famille !
Tu as une superbe plume.
Je viens de vérifier sur LBC, la maman de London n'y est plus... J'espère qu'elle a trouvé une bonne famille !
Tu as une superbe plume.
FantoNco- Membre
-
Messages postés : 1347
Date d'inscription : 09/01/2016
Age : 39
Localisation : Campagne francilienne
Mon chien : London (2015), et feu L'Ancêtre (2006-2018), boxers
Sport canin ou activité : Canapé, balades
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
FantoNco a écrit:Pfiou, ça t'étonnera pas mais ça m'a serré le bide de lire tout ça
Je viens de vérifier sur LBC, la maman de London n'y est plus... J'espère qu'elle a trouvé une bonne famille !.
Oui, je l'espère aussi. C'est la lecture du post ou tu écrivais que tu avais vu que la mère de London était à vendre sur le Bon Coin, peu après la vente de ses derniers chiots, qui m'a inspiré ce petit texte...
Huriel a écrit: même si c'est une "histoire" pour combien de chien cela n'est pas un roman!
Pour la mère de la chienne de FantoNco, ça n'en était pas un, hélas...
Nati a écrit:
Nan mais quelle gregnasse l'autre
N'est-ce pas ?
Invité- Invité
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Oui on avait quelques doutes sur l'élevage, c'est ce jour là où on a compris que "notre chienne de famille" était en fait la belle histoire qui nous a été vendue en même temps que le chiot. Si on ne peut pas regretter sa présence parmi nous parce que forcément on s'y est attachés, et qu'en plus elle est vraiment très chouette comme chienne, je regrette vraiment vraiment d'avoir financé ce genre "d'éleveurs".
Et c'est pourquoi j'ai déjà commencé à prospecter les élevages pour le futur chien qui ne sera pourtant parmi nous que d'ici minimum un an, plus probablement deux...
Et c'est pourquoi j'ai déjà commencé à prospecter les élevages pour le futur chien qui ne sera pourtant parmi nous que d'ici minimum un an, plus probablement deux...
FantoNco- Membre
-
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Date d'inscription : 09/01/2016
Age : 39
Localisation : Campagne francilienne
Mon chien : London (2015), et feu L'Ancêtre (2006-2018), boxers
Sport canin ou activité : Canapé, balades
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
FantoNco a écrit:Pfiou, ça t'étonnera pas mais ça m'a serré le bide de lire tout ça
Je viens de vérifier sur LBC, la maman de London n'y est plus... J'espère qu'elle a trouvé une bonne famille !
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Je lui souhaite aussi!!!...et comme je te comprends!
Il y a vraiment de tristes personnages de part ce monde...mais heureusement qu'il y a des "Alan" aussi
Huriel- Membre
-
Messages postés : 1820
Date d'inscription : 05/01/2016
Age : 63
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Ah, il y a longtemps que je n'avais pas frémi sur un beau compte de fée, j'y croyais plus...
Mais oui, ils existent encore !
Sauf qu'à la place des méchantes fées il y a des méchants éleveurs, que la pauvre Cendrillon pleine de grandes qualités est une pauvre chienne reproductrice dont les méchants ont abusé et que le Beau Prince qui vient la sauver est Alan , avec lequel la princesse vivra heureuse jusqu'à la fin de ses jours, sans mariage et sans enfants !
C'est tellement mieux ainsi ! Merci !
Mais oui, ils existent encore !
Sauf qu'à la place des méchantes fées il y a des méchants éleveurs, que la pauvre Cendrillon pleine de grandes qualités est une pauvre chienne reproductrice dont les méchants ont abusé et que le Beau Prince qui vient la sauver est Alan , avec lequel la princesse vivra heureuse jusqu'à la fin de ses jours, sans mariage et sans enfants !
C'est tellement mieux ainsi ! Merci !
Lou d'Arabie- Membre
-
Messages postés : 2459
Date d'inscription : 10/02/2013
Age : 67
Localisation : 94 et 64
Mon chien : whippet actuel et saluki de ma vie
Sport canin ou activité : vtt, excursions, randonnées
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Merci pour cette histoire !
Melty- Membre
-
Messages postés : 201
Date d'inscription : 14/03/2015
Age : 27
Mon chien : Pancho
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Merci pour cette chouette histoire Gibelotte, je prends toujours autant de plaisir à te lire
Miss.Irka- Membre
-
Messages postés : 1544
Date d'inscription : 26/03/2014
Age : 32
Mon chien : Irka (berger australien) - Java (ENC phalène)
Sport canin ou activité : Débuts en canicross, Tricks, Bagarre et gros câlins
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Huriel et Lou d'Arabie: c'est une fiction, en effet... mais ça pourrait être vrai
Melty et Miss Irka: merci, c'est gentil
Melty et Miss Irka: merci, c'est gentil
Invité- Invité
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Oulala, je me suis empressée de lire la 1re partie (que je n'avais pas vu) et de finir par ce post là...
Gibelotte, tu as toujours une aussi jolie plume. J'aime beaucoup te lire.
L'histoire est très belle et finalement, ce qu'on croit vouloir n'est finalement pas toujours ce que le cœur choisi.
Gibelotte, tu as toujours une aussi jolie plume. J'aime beaucoup te lire.
L'histoire est très belle et finalement, ce qu'on croit vouloir n'est finalement pas toujours ce que le cœur choisi.
Enitit- Membre
-
Messages postés : 3266
Date d'inscription : 04/06/2015
Age : 36
Localisation : Lyon et ses environs !
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Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Merci Enitit.
Il y a aussi les côtés répétitifs du destin: le premier chien d'Alan avait été adopté à la SPA, et c'était le chien chéri de son enfance, et c'est un chien pas vraiment abandonné, mais qui présentait des caractéristiques de chien pas très heureux qu'il a choisi, plutôt qu'un chiot tout neuf.
Il y a aussi les côtés répétitifs du destin: le premier chien d'Alan avait été adopté à la SPA, et c'était le chien chéri de son enfance, et c'est un chien pas vraiment abandonné, mais qui présentait des caractéristiques de chien pas très heureux qu'il a choisi, plutôt qu'un chiot tout neuf.
Invité- Invité
Re: Le chien d'Alan, suite et fin
Je suis tombée par hasard sur ce post, du coup je suis allée lire la première partie. Quelle histoire, merci pour ces quelques minutes d'émotions, j'en avais presque les larmes aux yeux à la fin... Bravo !
The_Nomad- Membre
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